4ème - L'axe de la Loge de Perfection.

A la gloire du Grand Architecte de l'Univers,

Trois Fois Puissant Maître et vous tous mes Frères Maitre Secrets.

L’axe de la Loge de Perfection.

Quel est cet axe de la Loge ?

Un axe c’est-à-dire un sens, une direction, une ligne, ou plutôt une trace, un élan, un sillage, un sillon, une trajectoire.  Et une Loge : un lieu couvert, un lieu à assurer et à protéger. Un lieu délimité, un lieu séparé, un lieu découpé et hors du monde profane, un lieu de réflexion, un lieu de reflet et de correspondance, bref un lieu sacré.

Et, en dehors de son étymologie dont je viens de décrire les principaux aspects, quelle est la définition donnée du mot « sacré »?  Lisons la définition de ce mot dans le dictionnaire : « Le sacré est une notion d'anthropologie culturelle permettant à une société humaine de créer une séparation ou une opposition axiologique entre les différents éléments qui composent, définissent ou représentent son monde : objets, actes, espaces, parties du corps, valeurs, etc. »

Il est dit : « Une opposition axiologique ». Le sacré est donc l’axe qui réunit et rassemble les points éloignés des choses, des concepts, des idées et des corps dont l’homme par sa nature vivante porte intuitivement en lui l’étincelle. Celle dont nous parle Jean dans le Prologue, cette immanence de la lumière dans les Ténèbres. L’axe est ce lien à la fois fort par son pouvoir d’attraction et ténu par sa difficulté à le suivre. Cet axe est la direction de notre approfondissement intérieur.

Cet axe passe par le cœur. Il passe d’abord par le cœur de la Loge. Il passe par le centre de la représentation de notre Temple, l’axe passe par le cœur du reflet de notre temple intérieur.

Pendant la ronde, le cœur immobile de celui qui est sous le suaire est le centre d’un cercle et par lui passe à ce moment-là l’axe de la Loge.

Relevé le nouveau Maître découvre que la parole qu’on lui donne est une parole substituée. La parole est perdue.

Alors il décide de continuer à rectifier. Et il décide de pénétrer dans ce nouveau lieu la Loge de Perfection vers laquelle il se dirige et dans laquelle il est reçu.

Quelles sont les moments de cette réception et les passages du rituel qui peuvent donner des indications à propos de l’Axe de la Loge de Perfection ?

Dans la loge de Perfection nous remarquons d’abord qu’Orient, Occident, Septentrion, Midi, Soleil et Lune, Pavé Mosaïque, Fil à Plomb du Zénith au Nadir, toutes ces conventions d’orientation ont disparu. Les déplacements des Frères, les colonnes et le sens de rotation ne sont plus exprimés. Rien ne marque le centre de l’espace clos.  Le rituel lui-même est limité à quatre points remarquables qui se trouvent aligné sur une droite sur laquelle sont disposés, devant le Trois Fois Puissant Maître les objets à caractère sacré.

Les quatre points remarquables sont le trône du Trois Fois Puissant Maitre avec, derrière lui, le Tableau de Loge. Lui faisant face, le Frère Inspecteur Adonhiram et derrière lui le Tableau de l’Ordre.

La première chose que nous avons noté dans les degrés précédents c’est que l’Axe de la Loge, comme l’axe des précédents « lieux couverts » que le Franc-maçon a connu,  passe par le centre géométrique du Lieu : l’Axe de la Loge passe par le Tableau de Loge.

L’axe de la Loge de Perfection serait donc l’axe qui, passant par le Tableau de Loge, passe aussi par le Trois Fois Puissant Maitre, le Frère Inspecteur et l’Emblème de l’Ordre.

Cet axe, traversant dans le « sidéral », ou dans l’esprit, est animé d’une vibration nouvelle, pulsation que nous pourrions représenter en 3 dimensions par une  spirale conique ou sinusoïdale, avec des ventres et des nœuds, les ventres permettant de rassembler autour de l’axe ce qui est épars et les nœuds étant les points de lieux où se sont situés successivement « naissance » et « renaissance » en marche vers le Trône du Grand Architecte de L’Univers.

Cette «vibration » en spirale de l’axe de la Loge de perfection pourrait être symbolisée en deux dimensions par la progression dans les voyages serpentins lors de la réception.

Mais surtout, alors que dans les trois premiers degrés le travail s’effectuait de Midi à Minuit, dans un laps de temps borné et balisé comme l’espace du Temple dans lequel nous nous trouvions à ce moment-là.

En Loge de Perfection le travail s’effectue depuis le premier éclat du jour qui chasse les ténèbres jusqu’à la fin du jour. Et, comme nous l’avons évoqué dans notre récente célébration de la saint Jean d’été il existe deux extrêmes dans la durée du jour, un d’hiver ou la durée du jour est la plus courte et un d’été ou la durée du jour est la plus longue.

Or, vus de l’espace intersidéral où nous nous trouvons maintenant (vu du « ciel » si l’on veut, alors que nous étions précédemment doué d’une vision terrestre et matérielle des choses) d’un solstice à l’autre l’axe du monde ne nous parait plus fixe mais l’axe du monde nous parait « solsticial » c’est-à-dire décrivant comme tous les axes des autres astres une sinusoïde, une spirale, des spirales pleines, comme décrivant une figure tournoyante avec des « ventres » et des « nœuds », comme si la découverte de la roue du temps s’était ajoutée aux découvertes matérielles et sensuelles. Comme si le temps, en y entrant, avait multiplié l’espace et révolutionné notre perception du chemin, et nous avait  fait passer dans l’Esprit.

Alors sur cet Axe de la Loge de Perfection que voyons-nous ?

Nous avons nos connaissances acquises dans les premiers degrés. Ce sont celles qui figurent dans l’emblème de l’Ordre : la nécessite du travail sur soi-même pour passer de ce que nous pourrions appeler l’empire des sens, d’un empire des métaux,  à l’empire de la raison ou de la sagesse. C’est ce que semble suggérer l’aigle du blason des Chevaliers Teutoniques à la reconquête de leur empire. Rectifier mon ego. La recherche de notre équilibre pour l’équilibre du monde par l’ordre que nous devons faire naitre à partir du Chaos (Ordo ab Chao) (V.I T.R.I.O.L) et la certitude que par les décisions que je suis seul à prendre je dois assurer le droit, la rectitude, c’est-à-dire la justice devant Dieu et sous l’inspiration de Dieu « Devs Mevmqve Ivs » ("Dieu et mon droit").

L’aigle à deux têtes peut aussi nous rappeler deux choses. D’abord l’aigle dans le tétra morphe des évangélistes est l’emblème de Jean, celui qui dans le prologue nous a fait découvrir l’étincelle divine en nous-même. Ce que nous appellerons l’immanence. L’aigle dont la hauteur de vue et la vue perçante suggère la disparition du voile de la réception et l’affirmation que nous devons maintenant trancher par notre propre jugement. Et puis ces deux têtes qui nous évoquent la dualité de l’homme, l’hermaphrodite et donc l’hermétisme. Comme les ventres et les nœuds de la spirale, les vibrations de l’axe du monde, nous regardons le reflet. Nous sommes dans le « courant » de la transcendance du microcosme et du macrocosme.

Ce reflet hermétique nous amène à lever les yeux en face dans l’axe de la Loge. Nous connaissons la direction et nous devinons le but. Droit devant nous, au-dessus du Trois Fois Puissant Maître brille le Tableau de Loge. Et ce que nous y voyons nous évoque ce vers quoi nous cheminons.

Le contenu du Tableau de Loge, plan de la construction de notre Temple à la fois spirituel et charnel, ce temple intérieur que nous pourrions synthétiquement appeler le Cœur de l’Homme.

Le cheminement vers cette construction symbolique est balisé et éclairé par ce que nous rencontrons dans l’axe de la Loge : la Couronne de Laurier et d’Olivier gage d’encouragement et récompense actuelle pour nos succès futurs. D’une part nous avons là de quoi nous encourager et satisfaire notre ego. Cette évocation de nos succès futurs nous parle du temps. Et cela par une Couronne posée sur le Tablier qui nous rappelle que le Maître Secret est voué au Travail. Nous somme dans le temps et le temps véritable est celui que nous passons au travail et sans relâche. Cet ensemble Tablier Couronne est une représentation de ce que nous somme venu faire sur cet axe : LE DEVOIR, inlassablement et sans découragement.

Devoir ! Voilà la seule direction de l’Axe. Le devoir. DE-VOIR. Il est impératif de voir pour avancer toujours plus loin vers la Connaissance. C’est pourquoi dans l’axe de la Loge nous trouvons, sur le Volume de la Loi sacrée, c’est-à-dire sur le Volume du livre des Juges, livre qui, comme son nom l’indique, nous dit la Loi, nous trouvons judicieusement ( !) placée la Clé d’Ivoire, une Clé faite d’un matériau issu de notre être vivant débarrassé de ses matières superflues et permettant quoi ? : D’Y VOIR, c’est-à-dire de Voir le Chemin par le moyen humain de l’esprit et de notre propre jugement.

La Clé d’Ivoire que nous trouvons dans l’axe relève le voile qui gênait notre vue et éclaire plus loin l’axe de la Loge. Elle nous permet aussi de faire réaliser le fait qu’ « il n’est pas besoin d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer ». La Clé est là, à point nommé, pour nous éviter de passer du désarroi au désespoir, qui pourrait, à juste titre, nous accabler encore.

Bref, en recevant cette Clé d’Ivoire qui, sans doute, permettra d’ouvrir quelque chose nous recevons l’espoir et le courage qui nous permettra de continuer le Devoir. Et il nous est dit quand nous sommes reçus que faire notre devoir peut être plus facile à faire que de le connaitre. Mais c’est en le faisant que nous avons une chance de le découvrir. Cette Clé d’Ivoire nous permettra d’ouvrir  et de voir le chemin qui est le « Devoir ».  Et pour le courage, toujours dans l’Axe de la Loge, nous venons de voir que nous avons la Couronne. L’axe du Devoir nous fournit par lui-même Espoir et Courage.

Alors maintenant que nous sommes dans l’axe pourquoi ne pas essayer d’apercevoir le but ?

Que voyons-nous dans le tableau de Loge ?  

L’axe passe par le Tableau et en son centre le Gimel (prononcer Guimel).

Le Gimel hébraïque est symbole de récompense et de punition : rectifier l’âme pour qu’elle mérite de recevoir la Lumière en pleine puissance. C’est donc bien le même axe que celui du Cabinet de réflexion : de V.I.T.R.I.O.L. à Gimel, en ordonnant le Chaos primitif en passant par l’Acacia et la Devise de l’Ordre « Devs Mevmqve Ivs », le devoir c’est d’abord « Rectifier ». Mais rectifier selon quel sens de l’axe ? C’est le Gimel qui nous l’indique. « Faire » son Devoir oui, mais « Connaître » son Devoir en cherchant le cœur, le sens premier de Charité, trouver le sens éthique, le sens du cœur charnel, en incarnant son esprit et sa raison. Voilà l’axe que nous montre la Loge de Perfection. Que de « Ventre » en « Nœud » de renaissance en renaissance, en nous dépouillant de l’« opacité » de notre ego  nous nous approchons, du cœur incarné, de l’unité corps-âme-esprit qui nous donnera depuis « immanence » et « transcendance », après épuration complète dans l’Athanor  par l’ « Œuvre au rouge » des Alchimistes, la « transparence »absolue et unique d’une véritable Universelle Lumière. Sans doute ce dont notre inspiration nous donne l’intuition en apercevant depuis la Balustrade le Saint des Saints et l’Arche d’Alliance : le véritable Amour.

J’ai dit Trois Fois Puissant Maître.

Gilbert Paule, 4^ème

Orient de Bangkok, le 8 juillet 2016